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« Les jeunes sont-ils prêts à faire la guerre ? », sur Public Sénat : une question sans réponse

PUBLIC SÉNAT – À LA DEMANDE – DÉBAT
C’est LA question lancinante en Occident depuis l’invasion russe en Ukraine. « On la croyait disparue, reléguée aux pages sombres des livres d’histoire », introduit Tam Tran Huy, la présentatrice et animatrice du débat organisé dans le cadre de la série mensuelle « Avoir 20 ans » de Public Sénat. Mais elle fait son grand retour : les jeunes sont-ils prêts à faire la guerre ?
Un clivage générationnel s’affiche sur le plateau. Seuls deux jeunes sont présents : Maëla, 23 ans, élève officière à l’Ecole navale, et Manès Nadel, 17 ans, vice-président de l’Union syndicale lycéenne. Une engagée et un civil.
La première a manifestement révisé ses éléments de langage militaire (« il n’y a pas d’hommes, il n’y a pas de femmes, il n’y a que des marins », répond-elle à la journaliste, qui aborde la question #metoo à l’armée). Le second cite Jean Jaurès, mais il n’échappe pas aux lieux communs. Il tourne autour du pot, sans trop savoir sur quel pied danser entre célébration des résistants et dénonciation des va-t-en-guerre.
Manquent les premiers concernés, ces jeunes qui sont au front, en Ukraine ou ailleurs. Tout juste un Finlandais vingtenaire en treillis, explique-t-il, au détour d’un reportage, que le service militaire est « une étape de la vie », un devoir dans son pays qui a vécu naguère ce que subissent les Ukrainiens.
Les autres intervenants sont tous des adultes. Sur le plateau, Odile Roynette, autrice de Bons pour le service. La caserne à la fin du XIXe siècle (Belin, 2000), et Thierry Ribault, du CNRS, critique virulent de la « technologie du consentement », qu’il épingle dans son dernier livre, Contre la résilience. A Fukushima et ailleurs (L’Echappée, 2021). Ils pointent le retour de la rhétorique martiale, rappelant le « Nous sommes en guerre » d’Emmanuel Macron face au Covid-19, son « réarmement démographique » pour relancer la natalité.
En distanciel, Patrick Clervoy, ancien psychiatre à l’hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne, à Toulon. Et Cédric Perrin, sénateur (Les Républicains) du Territoire de Belfort, à la tête de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, seul politique du plateau, qui ne compte aucun militaire en exercice. Eux tentent de trouver un point d’équilibre entre « l’art de la guerre » et l’urgence de défendre les « valeurs » démocratiques aujourd’hui mises à mal sur la planète.
Quid des jeunes ? la journaliste Tam Tran Huy met en avant un sondage du ministère des armées, selon lequel « 57 % se disent prêts à s’enrôler en cas de conflit ». « Plus qu’un regain de patriotisme, j’y vois une anxiété très forte vis-à-vis du contexte international », dit Mme Roynette. En écho à la jeune aspirante Maëla soulignant que, pour sa génération, « les conflits actuels mènent à la réflexion sur l’avenir ».
On parle beaucoup de technologie, d’emplois d’avenir, de cyberguerre… Soldat, un job comme un autre ? En temps de paix, peut-être. En temps de guerre…
C’est le grand non-dit de ce débat : la mort, celle que l’on donne et celle que l’on risque en faisant la guerre « à l’ancienne », comme en Ukraine, avec chair à canon, tranchées, bombardements… Sujet tabou et récurrent depuis un certain Hérodote : « En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils ».
Les jeunes sont-ils prêts à faire la guerre ?, débat animé par Tam Tran Huy, sur Public Sénat (Fr., 2024, 57 min).
Pascal Galinier
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